Presse

Un point sur la presse en 2018

— Étude des cinq meilleurs titres de la presse jeunesse de 2018


Six ans après un premier panorama de la presse jeunesse, Cligne Cligne se re-penche sur le paysage des périodiques à destination des jeunes. Il est bien sûr inutile de chercher en dehors des librairies qui sont désormais le principal réseau de distribution qui nous importe.



Biscoto

Biscoto a eu la bonne idée, à l’occasion de son 63e numéro, d’augmenter sa pagination, accédant ainsi aux 20 pages mensuelles.
Ce petit tabloïd conçu à Angoulême (capitale de la bande dessinée et ça n’est pas un hasard) décline les rubriques habituelles de la presse jeunesse autour d’un thème qui change à chaque numéro; ici il s’agit du bus mais ce fut par exemple le renne des neiges, les potes ou le dessous des vagues.
On retrouve donc les jeux, feuilletons, documentaires assez habituels, mais servis par des illustrateurs émergents (ou qui ne le sont déjà plus depuis leur contribution), et c’est là tout l’intérêt du journal. La richesse graphique et sa variété sont l’atout majeur du titre qui multiplie les jeunes collaborateurs. On y croise du bon et du moins bon et l’on a parfois le sentiment qu’au-delà du thème du numéro, peu de choses lient les contributions entre elles et qu’elles peinent parfois à faire journal.
Mais l’intérêt des propositions individuelles, la multiplicité des styles proposés aux lecteurs et lectrices en font un objet riche et attachant, parfois proche du fanzine (maquette lâche, énergie visuelle) qui amène de la vie dans le monde de la presse jeunesse.
 
  • 35 x 27 cm
  • prix unitaire: 4 €
  • 12 numéros par an
  • depuis 2013
  • «Le journal comme pour les grands, en plus marrant!»
  • d’Angoulême
  • 20 pages

Biscoto
  • Biscoto
  • Biscoto
  • Biscoto
  • Biscoto
  • Biscoto

Caoutchouc

Peu de numéros mais beaucoup d’ambition pour ce magazine qui propose à la jeunesse à partir de huit ans des formes peu courantes et des sujets qui ne le sont pas davantage: entretien avec une hypnothérapeute, documentaire sur l’occitan illustré en 8-bit, ce genre. Mais paradoxalement ce sont ces propositions (qui rappellent parfois feu l’excellent Poulpe multipotent de l’Institut Pacôme) qui sont les plus convaincantes tant on sent leurs auteurs/illustrateurs engagés à faire découvrir aux enfants des mondes qu’ils ignorent. Par contraste les pages consacrées à la fiction semblent comme des pauses récréatives nécessaires dans ce magazine dense dont on aimerait la parution plus fréquente.
 
  • 26 x 20,5 cm.
  • prix unitaire: 8 €
  • 4 numéros par an
  • depuis 2017
  • de Nantes
  • à partir de 8 ans
  • 52 pages

Coutchouc
  • Coutchouc
  • Coutchouc
  • Coutchouc
  • Coutchouc
  • Coutchouc


Dot

Déclinaison du successful Anorak magazine, Dot s’adresse à un public légèrement moins âgé, ciblant les maternelles.
On y retrouve ce qui fait l’identité de son aîné, à savoir une palette de couleurs vives et beaucoup de personnages souriants comme des smileys. Très peu d’histoires — en revanche la part belle est laissée aux activités graphiques voire à des exercices assez bien faits, un peu comme à l’école mais en plus fun et sur du papier de meilleure qualité. La grande cohérence graphique (22 pages et les couvertures sont toutes signées Anna Dunn) peut parfois tirer vers la monotonie, à la fois au sein d’un exemplaire du magazine, mais également à l’échelle d’un abonnement. Heureusement les numéros sont thématiques (Food, Jobs, Seasons, etc.), ce qui permet un léger renouvellement des formes.
Réalisé à Londres, Dot existe également en Espagne, en espagnol, depuis deux numéros.
 
  • 21 x 29,5 cm.
  • prix unitaire: 5£
  • 4 numéros par an
  • depuis 2015
  • “Think and Play!”
  • pour les enfants en maternelle
  • Londres
  • 32 pages

Dot
  • Dot
  • Dot
  • Dot
  • Dot
  • Dot


Graou

Déclinaison de Georges magazine, Graou s’adresse à un public légèrement moins âgé, ciblant les maternelles.
On y retrouve ce qui fait l’identité de son aîné, à savoir une palette de couleurs vives et une grande cohérence graphique (17 pages et les couvertures sont toutes signées Gwé)… vous l’aurez compris il y a des points communs entre ce titre et celui du paragraphe précédent, au-delà du point qui suit le titre sur la couverture.
Mais là où Graou convainc c’est précisément sur une pagination plus dense et une ouverture à davantage d’auteurs/illustrateurs qui permet d’enrichir la proposition faite aux lecteurs et aux lectrices. Car s’il est bien sûr intéressant de garder une cohérence en couverture pour porter l’identité du titre (cf. Pomme d’api des premières années), multiplier les collaborateurs apporte véritablement une variété plastique qui est autant de manières de s’adresser à l’enfant — voit Biscoto, plus haut.
Mais la pagination accrue permet également une plus grande richesse de l’offre éditoriale qui ne se limite pas aux récurrents coloriages et bricolages mais propose aussi une page yoga ou une double page pour les parents sur l’actualité culturelle susceptible d’intéresser leur descendance.
 
  • 21 x 28,5 cm.
  • prix unitaire: 9,90 €
  • 6 numéros par an
  • depuis 2017
  • «Jouer, lire, apprendre»
  • 3 à 6 ans
  • Lyon
  • 40 pages

Graou
  • Graou
  • Graou
  • Graou
  • Graou
  • Graou


Topo

Version «jeune» de La Revue dessinée, cette revue-là propose de faire le tour des sujets d’actualité à l’aide la bande dessinée dans le but d’y intéresser les adolescents et les adolescentes. Mais pas uniquement puisque certaines rubriques seront dépourvues de phylactères, voire de séquences narratives. Et des rubriques il y en a, toutes plus intelligentes les unes que les autres, toutes mettant à leur profit l’image dessinée, jusqu'à celle intitulée Sans cliché qui analyse une image de photojournalisme en deux pages et une demi-douzaine de dessins. Au fur et à mesure de la lecture, le comique et le tragique se mêlent au sein d’une maquette claire où se déploient les meilleurs dessinateurs contemporains. Ce successeur de l’Oncle Paul cher à Spirou, propose aussi un chouïa de fiction, vers la fin du magazine, histoire d’élargir un propos déjà très riche.
Je terminerai par la couverture qui, à l’instar de celles du New Yorker, présente une image totalement reliée à l’adolescence mais déconnectée du contenu du magazine. La beauté de l’objet ainsi garantie permet une plus sûre adhésion de la jeunesse dont on sait la difficulté qu’ont la plupart des adultes à la toucher.
 
  • 26 x 20 cm.
  • prix unitaire: 12,50 €
  • fréquence: 6 numéros par an
  • depuis 2016
  • «L’Actu dessinée pour les -de 20 ans (et les autres)»
  • du collège au lycée
  • Paris
  • 144 pages

Topo
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