Charles G. Shaw

Loïc Boyer

Fin commentateur de la vie nocturne new-yorkaise des années 1920, Charles G. Shaw (1892-1974) s’est tardivement tourné vers la peinture, s’inscrivant à 35 ans à l’Art Students League pour embrasser l’abstraction avec conviction.
Membre fondateur des American Abstract Artists aux côtés d’Esphyr Slobodkina, il se prit comme elle au jeu de l’illustration des textes de Margaret Wise Brown dont les éditeurs avaient le projet de proposer à la jeunesse des livres imagés par des peintres, artistes d’avant-garde.
Son œuvre éditoriale, si elle est éblouissante (lire également The Guess Book, observer les illustrations de The Winter Noisy Book) reste assez réduite et c’est plutôt au sein des grandes institutions muséales de la côte est des États-Unis comme le musée Guggenheim,
l’Art Institute of Chicago, la Corcoran Gallery et bien d’autres, que l’on peut apprécier sont travail de peintre.
De fait, les formes blanches, comme ajourées dans la matière bleue de On dirait... (1947) rejoignent les propositions plastiques que faisait Henri Matisse les mêmes années; cet oiseau que l’on aperçoit dès la couverture anticipe d’une dizaine d’années les recherches picturales de Georges Braque sur le même thème.
Quand au domaine de l’album pour enfants, il ne retrouvera une telle force plastique qu’avec la parution de Petit-Bleu et Petit-Jaune, de Leo Lionni, en 1959.